écrit le 26 juin 2016 pour l’action 26 juin-Orly, réplique de 26 juin, action à l’aéroport de Nice, 26 juin 2015.
— Tu es allée à Orly ?
— Oui.
— Quand ?
— Le 26 juin.
— (tu mens) C’est impossible. Tu n’as jamais atteint l’aéroport. Tu n’es jamais arrivée à Orly.
— J’y étais ce matin. C’était des années plus tard.
— (tu mens) Trop tard ?
— Tu veux des preuves ?
— Non.
— Pourquoi ?
— Les preuves peuvent toujours être falsifiées.
— D’accord. Je n’étais pas le 26 juin à Nice. J’étais à Orly.
— (tu mens) Pourquoi ? Pour rester avec ton amant ?
— Je n’ai pas d’amant. Je ne mens jamais, jamais. D’ailleurs les mensonges ça n’existe pas.
— Tu n’es pas allée à Orly, tu es restée avec elle. Tu lui as envoyé des images de la peau douce. C’était des années plus tôt.
— Trop tôt. J’étais à Orly, je suis à Nice, je suis à Jussieu. Je suis je suis. Je suis à l’heure, je suis toujours à l’heure.
— (tu mens)
— Ce matin, 26 juin 2016, à Orly, j’étais à l’heure, 12 h 34. Une minute avant le décollage.
— Orly… Pourquoi Orly ? À cause de la jetée ?
— Non, à cause de la peau douce. À cause de Françoise.
— Elle était à Orly ?
— Oui.
— Le 26 juin ?
— Non.
— Pourquoi ?
— Parce qu’il y avait un orage.
— Un orage à Orly ?
— Un virage à Nice, juste avant l’aéroport.
— Je ne comprends pas pourquoi (tu mens).
— Pour que les choses existent, en vrai. C’était à Villeneuve-Loubet. Et pour rester avec mon amante.
— Ta maîtresse ?
— Non, mon amant.
— Tu étais avec ton amant.
— Oui, à Orly. Il y a un témoin.
— D’accord. Orly, ce matin, avec ton amant. Le 26 juin.
— Non.
— Non ?
— Ou alors c’était des années plus tôt, en 1964.
— On est en 2016.
— (c’est toi qui mens) On est en 1967.
— D’accord. 26 juin 1967. À Orly.
— Non, à Nice. Je ne suis jamais arrivée à Orly.
— Mais ton amant, il était à Nice ?
— Non, elle était à Orly. L’année dernière à Nice.
— Avant les orages.
— Avant les virages.
— Pourquoi voulais-tu aller à Nice ?
— L’aller c’était l’année dernière, le 26 juin, le retour ce matin. C’est écrit. Nice-Orly. Orly-Nice. Je devais être à l’heure. Je veux juste être à l’heure, je ne veux pas manquer le vol.
— Sinon quoi ?
— Sinon pas d’article, pas de retour, rien. Je préfère être à l’heure, quitte à rater le virage.
— Pourquoi voulais-tu à aller à Orly ?
— Pour m’y jeter. Comme un mouton d’une falaise. Comme un foulard dans une roue. Comme une voiture encastrée dans un poteau électrique.
— (tu mens) Tu ne peux pas ne pas avoir été à Orly.
— J’ai la preuve. Le témoin. Les haut-parleurs eux-mêmes ont attesté que je n’y étais pas.
— Dernier appel. C’est faux, c’est toujours faux. On dirait le titre d’une chanson qui n’existe pas. “Putain ça revient toujours”
— Oui, toujours ça qui revient, toujours les répliques, toujours les 26 juin. Tous les 26 juin, je serai à Nice, je serai à Orly. Je serai là, en double, en doublure.